Berlin
Session

Goldberg Experienced.01 Berlin Session, 2010-2011

Installation

Projection vidéo, tourne-disque, haut-parleurs, vinyle 33 tours, pochette, 52 min 6 s, édition de 100

En collaboration avec David Kaplan, pianiste

Collection Musée d’art contemporain de Montréal

Pour la première des oeuvres de la série Goldberg Experienced, un piano a été préparé par Bernatchez et Kaplan pour chacune des trente-deux Variations Goldberg. Pour deux de ces Variations, une nature morte baroque et complexe a été intégrée au mécanisme du piano. La décomposition de la nature morte tout au long de l’exposition au Casino Luxembourg a été captée, image par image, dans le film projeté ici.

Définition : Variations Goldberg

Aria avec 30 variations pour clavier à deux mains est une oeuvre composée par Jean-Sebastian Bach en 1740, mieux connus sous le nom de Variations Goldberg et dont l’un des interprètes célèbres fut le pianiste canadien Glenn Gould (1932-1982). Cette pièce est l’une des plus importantes compositions sur le thème de la variation.

Définition : piano préparé

Piano dont le son est altéré par le fait de placer des objets de toutes sortes sur les cordes de l’instrument. L’invention du piano préparé est attribuée à l’artiste John Cage.

J’ai hésité avant d’arrêter mon choix sur les Variations Goldberg mais pas par crainte de m’en prendre à quelque chose d’« intouchable ». A priori, j’étais plus préoccupé par le fait que cette oeuvre de Bach ait déjà beaucoup été popularisée, voire exploitée.

Ce qui m’intéressait en plus de ses qualités esthétiques, c’était le nombre de variations (nombreuses), leur durée (courte), et la symétrie de l’oeuvre (l’aria et l’aria da capo), qui m’offraient la possibilité de créer une trentaine de préparations différentes au piano. Avec l’aria au début et à la fin, j’entrevoyais la possibilité d’amplifier l’effet de déliquescence recherché. Initialement, l’idée était d’y aller de préparations qui s’accentuaient d’une variation à l’autre en commençant par l’aria intacte pour arriver à la dernière variation et à l’aria da capo avec l’ensemble des notes affectées à cent pour cent. Mon intention était de prendre une oeuvre classique, en quelque sorte restée figée dans le temps, et de la faire revivre pour paradoxalement lui insuffler des airs de matière périssable. Je comptais préparer le piano progressivement pour terminer dans un excès d’altérations qui allaient détériorer le son, le piano, voire l’oeuvre elle-même. La seule contrainte étant que la matière de base reste intacte dans sa structure, soit que chacune des notes soit jouée et reste à sa place.

Patrick Bernatchez dans Muhlen, Kevin, « Entretien avec Patrick Bernatchez », Patrick Bernatchez. Les temps inachevés, Luxembourg, Casino Luxembourg ; Montréal, Musée d’art contemporain de Montréal, 2015, p. 94

Extraits sonore Goldberg experienced

Pianiste David Kaplan